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L’impact potentiel d’une hausse des taxes américaines sur l’écosystème de l’IA canadienne

Photo du rédacteur: Rodolphe TissierRodolphe Tissier

Les discussions actuelles sur une hausse des taxes américaines appliquées aux entreprises technologiques et aux exportations liées à l’intelligence artificielle (équipements, logiciels et données) suscitent de vives interrogations dans l’écosystème canadien de l’IA. Pour un pays dont le secteur de l’IA repose sur une forte interdépendance économique et technologique avec les États-Unis, les conséquences potentielles d’une telle mesure méritent une analyse approfondie. Les taxes envisagées pourraient inclure des prélèvements supplémentaires sur les exportations de logiciels, les équipements technologiques et les services liés à l’intelligence artificielle, augmentant ainsi les coûts des opérations transfrontalières.


Une interdépendance structurelle : le développement de l’IA canadienne en jeu

Le succès du Canada dans le domaine de l’IA repose sur des investissements étrangers, principalement en provenance des États-Unis. Des entreprises telles que Google, Microsoft ou Meta ont établi des centres de recherche stratégiques dans des villes comme Montréal, Toronto et Vancouver, profitant à la fois d’une expertise universitaire exceptionnelle et de programmes d’incitations fiscales canadiens.

Par exemple, le laboratoire de Google à Montréal a travaillé sur des avancées en apprentissage profond appliqué à la traduction automatique, tandis que Microsoft a collaboré avec des universités canadiennes pour développer des solutions d’IA pour la santé et l’énergie.

Cependant, une augmentation des taxes pourrait entraîner :

  • Un accroissement des coûts pour les multinationales : Cela pourrait remettre en question leur engagement à investir dans des infrastructures ou à collaborer avec des startups locales.

  • Un ralentissement des flux de technologies et de données : Ces échanges transfrontaliers sont essentiels pour l’innovation en IA, notamment en matière de développement de modèles préentraînés ou d’échange de compétences.


Renforcer la souveraineté technologique : une opportunité stratégique

Dans ce contexte, le Canada pourrait voir une opportunité de repenser sa stratégie en matière de souveraineté technologique. Cela pourrait inclure :

  1. Le développement de solutions technologiques nationales : Investir dans des alternatives locales aux infrastructures technologiques dépendant actuellement de l’expertise américaine.

  2. L’élargissement des alliances internationales : Renforcer les partenariats avec l’Union européenne, où des régulations comme le RGPD encouragent une collaboration éthique et structurée, ou avec l’Asie, notamment des écosystèmes émergents en IA.


Les initiatives telles que SCALE.AI, qui favorisent les chaînes d’approvisionnement basées sur l’IA au niveau national, constituent un modèle réussi de stratégie locale pouvant servir d’exemple à d’autres secteurs. Par exemple, SCALE.AI a permis une réduction des coûts logistiques jusqu’à 20 % dans certains projets pilotes, tout en augmentant l’efficacité des opérations grâce à une optimisation basée sur les données. SCALE.AI a collaboré avec des entreprises canadiennes pour optimiser la logistique dans les secteurs de la santé et de l’agroalimentaire, démontrant l’impact concret de l’IA sur les chaînes d’approvisionnement.


Impact direct sur les startups et la recherche collaborative

Les startups canadiennes d’IA, souvent dépendantes des financements américains et des collaborations avec des institutions renommées comme Stanford ou le MIT, pourraient être particulièrement vulnérables. Par exemple, des entreprises comme Element AI (avant son acquisition par ServiceNow) ont largement bénéficié des capitaux américains et de partenariats transfrontaliers pour développer leurs solutions innovantes. Les conséquences potentielles incluent :

  • Une réduction du capital-risque disponible : Les investisseurs américains pourraient freiner leurs engagements financiers en raison de l’augmentation des coûts liés aux nouvelles taxes.

  • Une limitation des recherches conjointes : Les collaborations transfrontalières jouent un rôle crucial dans le partage des connaissances et l’accélération de l’innovation en IA.


Pour répondre à ces enjeux, le Canada pourrait :

  • Stimuler le financement national via des fonds publics ou des incitations fiscales spécifiques aux startups technologiques. Par exemple, le programme fédéral du Fonds stratégique pour l’innovation (FSI) a déjà permis de soutenir plusieurs initiatives en IA, notamment en finançant des projets de recherche et de développement menés par des entreprises émergentes.

  • Renforcer les coopérations académiques nationales pour compenser les limitations internationales. Par exemple, le partenariat entre l’Université de Toronto et des entreprises comme Vector Institute a permis de former des chercheurs en IA tout en favorisant le transfert technologique vers des applications concrètes.


Une stratégie proactive pour le Canada

Face à cette nouvelle réalité, le Canada devra adopter une stratégie multidimensionnelle afin de préserver sa place dans le secteur global de l’IA :

  1. Renforcer les incitations fiscales pour encourager les entreprises à maintenir leurs opérations au Canada.

  2. Promouvoir les clusters technologiques régionaux en favorisant les partenariats public-privé et l’intégration des PME dans des projets d’envergure.

  3. Investir dans la formation avancée pour créer une main-d’œuvre locale adaptée aux besoins des entreprises technologiques.


Une perspective à long terme pour l’IA canadienne

Malgré les risques à court terme liés à une hausse des taxes américaines, cette situation pourrait être l’opportunité pour le Canada de consolider son rôle de leader en IA. En s’adaptant à ces nouvelles dynamiques et en renforçant son indépendance technologique, le Canada pourrait établir de nouvelles bases pour une croissance durable et résiliente. Une telle stratégie offrirait des avantages économiques significatifs, comme une réduction de la dépendance aux marchés étrangers et la création d’emplois dans des secteurs émergents. Sur le plan social, cela pourrait se traduire par un meilleur accès aux technologies de pointe et une amélioration des services publics grâce à des applications d’IA adaptées aux besoins locaux. Cette stratégie à long terme positionnerait également le pays comme un acteur majeur de la compétition mondiale dans le domaine de l’intelligence artificielle, attirant des talents et des investissements internationaux tout en développant des solutions innovantes adaptées aux défis globaux.


Dans un paysage global de plus en plus concurrentiel, cette transformation pourrait redéfinir le statut du Canada en tant qu’acteur incontournable de l’intelligence artificielle.

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